Nous avons vu que les plantes produisaient des molécules qualifiées de micronutriments. Elles ne les produisent évidemment pas pour nous rendre service à nous autres consommateurs humains.
Elles produisent ces molécules pour leurs propres besoins, pour leur croissance, pour leur développement et aussi pour se défendre contre leurs agresseurs. Il faut reconnaître que les plantes sont exceptionnellement bien armées pour contrôler leurs agresseurs si l’on considère qu’elles n’ont pas la faculté de les fuir ou de les affronter, comme le font beaucoup d’animaux. Les plantes ont développé d’autres stratégies puissantes.
Au cœur de ces dernières, on trouve la production de tout un arsenal de molécules, des répulsifs, des barrières, des toxiques et même des composés volatils capables de mobiliser des alliés (Urban et Urban 2010). C’est en raison de leur grande « activité biologique » que certaines de ces molécules nous apportent des bénéfices nutritionnels, voire des effets thérapeutiques. Ou nous empoisonnent selon la dose !
Mais rassurez-vous : l’être humain a sélectionné pour son alimentation courante les espèces végétales qui peuvent être consommées massivement sans risque de toxicité. On risque difficilement la surdose de fruits ou de légumes !
En tout cas, une idée importante émerge à ce stade : si des rayonnements peuvent être exploités pour augmenter les concentrations en micronutriments dans les plantes, ce qu’un certain nombre d’études montre clairement, ces mêmes rayonnements doivent pouvoir être utilisés aussi pour stimuler les défenses des plantes. Et, effectivement, il existe quelques articles montrant qu’on peut stimuler les défenses des plantes en les exposant à certaines longueurs d’onde, aux UV par exemple. Ou mieux, aux UV-C (Ouhibi et al. 2014a, 2015 ; Vasquez et al. 2017, 2020 ; Forges et al. 2018, 2020).
Clairement ces derniers émergent des différentes études avec un remarquable potentiel, au moins égal à celui des stimulants chimiques des défenses des plantes (Urban et al. 2018). En plus, nos observations suggèrent que lorsqu’ils sont appliqués à des graines non germées, ils peuvent conférer aux plantes qui en sont issues des résistances aux stress environnementaux, par exemple aux niveaux élevés de salinité (Ouhibi et al. 2014b). Les rayonnements UV-C sont peut-être les moins étudiés des rayonnements électromagnétiques, mais cela doit changer car ils semblent capables, à la bonne dose, de générer beaucoup d’effets très positifs pour les plantes et pour les cultures.

Par Laurent Urban et Jawad Aarrouf